Les balafres et tatouages traditionnels visibles sur la peau de certaines personnes originaires d’Afrique de l’Ouest ont une histoire culturelle symbolique. Permanentes et unisexes, ces marques vont de la coupe superficielle sous forme d’égratignures à des motifs plus prononcées qui sont réalisées au choix et selon les régions sur tout le corps pour les uns, uniquement sur le visage pour d’autres, voire sur la bouche, et parfois sur les gencives.
Aujourd’hui, ces traditions ancestrales sont de moins en moins visibles car elles sont marginalisées par les canons des beauté internationaux idéalisés par les médias, mais aussi par les normes esthétiques véhiculées par les religions monothéistes. Ainsi, les termes couramment utilisés pour désigner ces usages sont « mutilation », ou encore « scarification ».
La connotation dévalorisante derrière ces mots dans la psychologie générale a donc eu un impact sur le regard posé sur ces usages. D’un côté, ces derniers sont vus comme un bienfaits et une fierté par une partie de ceux qui le pratiquent. Et de l’autre côté, ils peuvent heurter la sensibilité de ceux qui ne sont pas initiés au message derrière ces codes culturels, ou provoquer l’embarras des personnes tatoués qui sont sensibles au jugement silencieux de certains regards négatifs sur eux.
Quel que soit le point de vue de chacun sur le sujet, ces balafres et tatouages traditionnels ont un sens profond qui va au-delà de l’esthétique. Par exemple, beaucoup de personnes les portent, car ils sont les marques de signes d’identification collective hérités de génération en génération. Pour ceux qui veulent en savoir plus, je vous invite à découvrir les détails de leur histoire dans cet article !
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L’histoire de sculptures qui mettent en évidence l’héritage ancestral de ces pratiques…
Le tatouage se définit par un dessin décoratif ou symbolique permanent effectué sur la peau. Sa pratique est attestée dans la société humaine depuis le néolithique, c’est-à-dire l’âge de pierre. L’origine ancestrale des balafres et tatouages traditionnels est avérée en Afrique par les objets hérités du passé. Par exemple, certaines sculptures de bronze du Bénin qui datent du XVIe siècle ont la particularité d’être dotées de cicatrices en relief. Rendez-vous dans un musée d’Art africain pour apprécier cette pratique artistique ! On la retrouve notamment sur la peau du visage de certaines statues réalisées par des artisans d’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui encore, le recours aux masques marqués de ces signes d’identité collective est fait par des personnes qui souhaitent garder un souvenir palpable de cette tradition pratiquée dans leur famille. Cela permet une transmission d’une partie de leur histoire à leur descendance via un objet, sans ressentir l’obligation de se marquer la peau.
Toutefois, le sens derrière cette transmission historique peut être différent selon l’origine familiale et selon l’origine régionale des personnes. Pour certains, cela est lié à des pratiques spirituelles, d’autres y donnent un sens thérapeutique, quand d’autres ailleurs leur accordent un rôle esthétique important pour se faire accepter par leur collectif d’origine. Mais pourquoi leur donne-t-on des sens spirituels, thérapeutiques ou pratiques ?
… L’histoire des incisions faites sur le corps et le visage en signe d’identification identitaire ou spirituelle..
Ces marques culturelles ont différents noms et différents sens selon les communautés d’Afrique de l’Ouest. Elles peuvent être signe d’identification ethnique, signe d’un rang social déterminé, signe de croyances religieuses spécifiques, et le signe d’un rite de passage entre l’adolescence à l’âge adulte.
Ainsi, elles représentent des symboles communs d’identification identitaire qui étaient par exemple utiles en temps de guerre pour reconnaître les siens durant le tri des captifs, ou encore pour apporter les rites funéraires appropriés aux croyances de chacun. Dans une autre approche, ces marques étaient un acte spirituel fait pour guérir et prévenir des maladies telles que les convulsions, pour aider à la réincarnation, ou encore pour briser et s’immuniser des malédictions. Ailleurs, ces marques pouvaient également servir d’insigne familial utilisé par des familles de nobles. Avec une fonction de carte d’identité, ces insignes permettaient de reconnaître des héritiers expatriés, dont les origines étaient marquées sur leur peau dès l’enfance.
Prenons l’exemple des Yorubas, population que l’on retrouve particulièrement au Nigeria. Certains Yorubas sont marqués de grandes incisions sur le visage et/ou sur le corps qui résultent d’un choix parental fait dès le plus jeune âge de leurs enfants. Ces incisions sont faites sur la peau avec une lame à usage unique qui est préalablement désinfectée avec du liquide, puis au feu. L’hémorragie est ensuite arrêtée avec de la poudre de charbon qui assombrit la plaie. Puis, après le marquage, des plantes médicinales associées à de l’eau chaude sont utilisées pour traiter la douleur jusqu’à ce que la plaie cicatrise. Cela prend quelques jours. Pour les personnes marquées de ces incisions, il s’agit d’accepter de vivre avec un choix que d’autres ont fait pour eux. Car, l’effet d’appartenance à un groupe est plus fort que les préférences individuels.
…Et l’histoire des tatouages appréciés pour leur dimension artistique sur la peau…
En-dehors des pratiques communautaires institutionnalisées, le tatouage peut aussi être le fruit d’un choix personnel, ou le reflet d’un effet de mode. L’idée est de s’embellir, augmenter sa popularité auprès de ses pairs, charmer en attirant l’attention, voire se démarquer en faisant le choix de se marquer la peau avec les motifs artistiques de son choix.
Différents designs ont connu une certaine popularité selon les époques et les régions. C’est notamment le cas familier des tatouages pratiqués sur la zone buccale par les femmes peuls. Ces derniers sont réalisés à l’aide de piqûres répétitives faites à partir d’un matériau noir.
dans ce tableau Pinterest qui est un beau résumé visuel de cet article, vous pouvez apprécier la diversité stylistique des designs de tatouages traditionnels d’Afrique de l’Ouest !
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Au plaisir de vous lire en commentaire.
(Par Salimata)
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