Ubuntu, je suis car tu es – Leçon de sagesse africaine par Mungi NGOMANE

Savez-vous quel est le secret de la force qui a guidé des leaders de la paix en Afrique comme Desmond TUTU ? C’est la lumière de l’ubuntu ! Cette dernière leur a permis de surpasser la haine que peut provoquer le passé colonial dans les coeurs, afin d’attirer vers eux et unir leurs compatriotes pour avancer.

J’ai découvert ce terme l’année dernière via le podcast Kalimanjaro. Cette découverte m’a permis de mettre un mot à une sagesse, qui en réfléchissant m’était familière depuis toujours, mais dont j’ignorais la portée quand on y puise son énergie.

Avec cette lecture, j’ai compris que ce terme va plus loin que l’expression « je suis car tu es », une phrase souvent utilisée pour résumer cette philosophie de vie. Et surtout, sans l’ubuntu, j’ai réalisé en quoi le développement personnel reste une solution incomplète face aux maux qui travaillent nos existences.

En bref : « c’est en dehors de nous-mêmes que nous trouvons ce qu’il nous faut pour être comblé intérieurement ». Convaincu ou pas ? Je développe ci-dessous avec plus de détails pour les sceptiques, ainsi que pour ceux qui veulent comprendre pourquoi appliquer ce concept les aidera à se sentir mieux avec eux-mêmes !

Une sagesse africaine transmise de génération en génération…

L’initiation à l’humilité chez nous passe par l’ubuntu. Cette philosophie contribue à ce que chaque génération fasse en sorte que la suivante sache comment vivre en tant qu’êtres humains, à prendre soin les uns des autres, et à respecter l’humanité de chacun. Ainsi, son fondement est le respect, envers soi et envers les autres, parce que tout ce qu’on apprend et tout ce qu’on vit dans ce monde se fait à travers notre relation aux autres.

Si en Occident, se proclamer self-made est une marque d’honneur qui fait abstraction du fait que rien ne peut être accompli dans le vide complet, en Afrique on loue le contraire. Dans ce sens, un célèbre proverbe africain dit : « il faut tout un village pour élever un enfant ». C’est une façon de montrer qu’un individu n’est rien sans les autres êtres humains qui l’entourent, car tout ce qu’il accomplit au cours de sa vie est le résultat de la présence et l’aide d’autrui.

Dans ce livre, on comprend comment la pratique de l’ubuntu est la clé qui nous permet d’apprendre à regarder en-dehors de nous-mêmes, d’une part pour trouver les réponses qui nous manquent, d’autre part pour devenir des bâtisseurs.

L’ubuntu en 14 commandements…

En somme, voici 14 formes d’encouragements à tendre la main aux gens autour de nous, toutes ces personnes qui font de nous ceux que nous sommes, aussi bien les amis que les inconnus !

1. Se voir dans autrui, parce qu’il s’agit de trouver notre reflet dans notre prochain pour vaincre la division en traitant mieux les autres, sans pour autant confondre avec la gentillesse.
2. Admettre que l’union fait la force, car une communauté unie dans la coopération est une communauté forte.
3. Se mettre à la place des autres, parce qu’oublier nos jugements moralisateurs permet de mieux comprendre notre entourage.
4. Élargir sa perspective, car il faut observer le monde sous tous les angles pour comprendre une situation.
5. Faire preuve de dignité et de respect envers soi et les autres, parce que lorsque je déshumanise mon prochain, je m’inflige inexorablement le même traitement.
6. Croire en la bonté de chacun, car c’est encourager les autres en voyant ce qui est bon en eux.
7. Préférer l’espoir à l’optimise, parce qu’on ne dit pas « quand il y a de la vie il y a de l’optimise » mais de « l’espoir », dans ce sens, ce dernier mot à sens plus puissant qui fait que nous n’abandonnons pas.
8. Chercher à créer du lien, car c’est l’humanité qui nous donne de la force et nous console durant les périodes difficiles.
9. Pratiquer le pardon, parce qu’il possède un pouvoir qui aide à restaurer le respect de soi et notre dignité.
10. Célébrer notre diversité, car personne ne sait tout mais tout le monde sait quelque chose.
11. Accepter la réalité, aussi douloureuse soit-elle, parce que le contraire nous empêche d’avancer et d’accueillir l’aide d’autrui.
12. Trouver l’humour dans notre humanité, car le rire fait des merveilles pour le coeur.
13. Comprendre que les petites choses font une grande différence, parce que nous avons tous de l’importance, et le moindre petit acte peut prendre de l’ampleur grâce à l’effet boule de neige.
14. Apprendre à écouter pour mieux entendre, car il s’agit d’entendre les autres comme nous aimerions être entendus.

Un manifeste philosophique écrit par Mungi NGOMANE, petite-fille de Desmond TUTU…

La préface du livre est rédigée par Demond TUTU. Grand-père de l’auteure, ce grand homme a inspiré les membres de sa famille ainsi que tous ceux qui l’entourent par la pratique de l’ubuntu dans sa vie quotidienne avec tous. Sa contribution à la fin du régime d’apartheid prouve à l’Histoire qu’ubuntu fait des miracles lorsque les gens s’unissent pour un bien commun. Son exemple nous enseigne que nous pouvons surmonter nos différences et nos problèmes en unissant nos forces, et coexister dans la paix et l’harmonie à l’instar de l’espoir qu’il portait dans une nation sud-africaine arc-en-ciel, symbole d’un début de réconciliation raciale dans son pays.

Si on s’inspire de l’expression qui dit l’avenir sort du passé, on peut aussi dire Africa is the future parce que l’ubuntu est l’avenir. Ainsi, puisons dans les enseignements des anciens pour construire l’avenir en semant les racines du renouveau. Pour commencer, arrêtons de nous focaliser uniquement sur nous-mêmes comme nous l’apprend le système individualiste qui domine en Occident. L’instabilité de nos sociétés avec les multiples cas de burn-out prouvent que la compétition et l’accomplissement de soi sont loin d’être synonymes.

Au contraire, ubuntu nous apprend que ce que nous somme suffit : « tout le monde sur cette planète à la même valeur, parce que notre humanité est ce qui compte le plus. Au lieu de nous comparer aux autres, nous devrions apprécier les contributions d’autrui à notre vie de tous les jours ».

Et vous, qu’est-ce que vous inspire cette philosophie ?

Au plaisir de vous lire en commentaire.

(Par Salimata)